samedi 23 janvier 2010

Le XIIIe arrondissement dans la tourmente de la commune

Un petit texte que j'avais commis à mes débuts dans l'écriture d'articles historiques....





(photo de Disderi)

LE XIIIe ARRONDISSEMENT DE PARIS DANS LA TOURMENTE DE LA COMMUNE.


"Dimanche 21 mai 1871, les troupes versaillaises rentrent dans Paris. Va débuter une répression féroce encore bien ancrée dans l’inconscient parisien. Il n’est pas question ici de refaire un historique des combats désespérés de la « semaine sanglante » mais de s’intéresser plus particulièrement au XIIIe arrondissement, secteur qui fut l’un des mieux organisé et mieux commandé de la capitale, et qui permit le seul sursaut défensif de la commune de Paris.

Face a l’avancée versaillaise, les beaux-quartiers de Paris succombent rapidement. L’appel du comité de salut public (« que Paris se hérisse de barricades… ») jette encore plus la confusion et annihile les derniers espoirs de résistance organisée, chacun se repliant sur son arrondissement. Dans le XIIIe, l’âme de la résistance est le général polonais Wroblewski, un des meilleurs chefs dont disposa la commune. Il avait fortifié la butte aux cailles (qui domine le ravin de la Bièvre, au pied du plateau de Montsouris et de la montagne Ste Geneviève) car si l’on souhaitait conserver une partie de la rive gauche, l’éminence était une position clef. De même, le pont d’Austerlitz qui fut fortifié pour garder un passage sur la rive droite et couvrir le pont de Bercy.
Ce n’est que dans la nuit du 24 au 25 mai que le général Cissey va attaquer le XIIIe. Voulant en finir avec cette rive gauche qui n’en finit pas de résister, il organise un plan d’attaque de trois colonnes avec une réserve d’artillerie de 25 pièces de sept (cette réserve était placée à l’observatoire ,place d’enfer et vers l’actuelle cité universitaire). Le 25 mai à 12 H, l’action commence.

A droite, la brigade Lian en position à Montsouris a pour objectif les portes : elle s’acquitte de cette tâche presque sans résistance et progresse jusqu’au pont Napoléon et la gare d’Orléans en s’abritant derrière le talus de la voie ferrée. En liaison, une autre colonne passe en dehors de l’enceinte et force les communards à évacuer les forts de Montrouge et de Bicêtre dans la matinée ainsi que celui d’Ivry , après l’explosion de sa poudrière (action encore énigmatique aujourd’hui).
La deuxième colonne d’attaque, menée par la brigade Osmont, part de l’asile Ste Anne, traverse la Bièvre et s’élance à l’assaut de la butte : les fédérés repoussent 4 assauts. Du haut de la butte, Wroblewski riposte toujours avec son artillerie : il tient ses communications avec la rive droite et renforce les défenses du pont d’Austerlitz et de la place Jeanne D’Arc. La situation va tourner à l’avantage des « Versaillais » avec l’attaque de la troisième colonne, la brigade Bocher. Débouchant de la rue Corvisart et des boulevards Port-Royal et Arago, elle repousse les communards (qui incendient en représailles les Gobelins en se repliant sur la place d’Italie), s’empare de la barricade du boulevard St Marcel et menace la mairie du XIIIe : la position de la butte aux cailles devient très vite intenable pour Wroblewski et ses hommes. L’évacuation se fait en bon ordre en direction du XIIe arrondissement par le boulevard de l’hôpital et le pont d’Austerlitz mais les fédérés laissent 200 prisonniers et 20 canons.
Les défenseurs du pont vont résister plusieurs heures en infligeant de lourdes pertes aux « Versaillais ». La position est finalement tournée par la rive droite grâce à une passerelle jetée par le génie sur le canal St Martin : c’est l’hallali… Le dernier point de résistance, la place Jeanne D’Arc, est attaquée de trois côtés et succombe à 17 H. Pour le prix de leur bravoure 700 fédérés qui déposent les armes eurent la vie sauve, fait suffisamment rare lorsque l’on sait que les troupes de Thiers avaient plutôt la « gâchette facile » dans les instants chaotiques suivant la prise d’une barricade…La perte de la rive gauche sonne le glas des espoirs de la Commune.

Est-il utile de préciser le férocité de la répression ? les exécutions sommaires vont se multiplier dans le XIIIe, comme partout dans Paris.(photo de Disderi)

Dans notre arrondissement d’étude, il est certain qu’un groupe de fédérés fut fusillé boulevard St Marcel et un autre rue Baudricourt mais combien d’autres anonymes…le nombre est très difficile à chiffrer, la propagande des deux camps s’étant employée a brouiller les pistes (inconsciemment ou non). En 1871, il manquait 5000 électeurs mais la part est très difficile à faire entre les morts, les proscrits, les prudents souhaitant se faire oublier, etc.…on peut être plus précis en ce qui concerne les prisonniers : des 2014 gardes nationaux inscrits sur les registres du XIIIe ,1902furent fait prisonniers( 728 le furent durant la semaine sanglante). La différence se trouve-elle dans les nombreuses fosses communes que signale à Ivry Benjamin Raspail en 1880 (cimetière jouxtant le XIIIe) ? Nul ne le sait…"

source:
"éléments pour une histoire de la commune dans le XIIIe arrondissement:5mars-25 mai 1871", Gérard Conte,éd. de la Butte aux Cailles,1981

6 commentaires:

pacofeanor a dit…

Il est super cet article!! tu en as d'autes comme cela ça m'interresse!!!
cordialement
paco

julian mc clernand a dit…

merci

d'autres?? peut être... petit à petit , on va mettre tout cela en ligne

l'aimable faubourien a dit…

Très intéressant, en effet. J'ai découvert par Google Books cet opuscule : Gérard Conte, "Éléments pour une histoire de la Commune dans le XIIIe Arrondissement: 5 mars-25 mai 1871", Éditions de la Butte aux cailles, 1981, 110 p. (pas consultable en ligne, hélas !)

julian mc clernand a dit…

j'ai rajouté la source (j'avais oublié de le faire, gloups....)
comme dit l'aimable faubourien, ce livre est trés interéssant, mais moi je l'ai dans ma bibliothèque!!

Siaba a dit…

Le jour où des figurines sortent pour cette "période", je me jette dessus!
J'adore tout ce qui a trait à la Commune de Paris. C'est malheureusement dur de trouver un récit objectif des faits, comme pour tout ce qui est fortement connoté idéologiquement...

En BD, je vous conseille "Le cri du peuple" de TARDI, si vous ne l'avez déjà lu.

pacofeanor a dit…

Foundry doit pouvoir fournir les moblos, et quelques civiles sachant que la pluspart des communards sont partiellement en tenue de mobilisés!!

en face ce sont les tenues de 70 de la ligne!

on se lance?

paco